1.2. Au Moyen-Age, les pierres
Au moyen âge, après une grande perte du savoir concernant la lithothérapie en Europe (notamment provoquée par l’effondrement de l’empire romain), les alchimistes interprètent mal les anciens ouvrages qui leurs sont parvenus des civilisations disparues, lesquels mettent en scène une pierre aux propriétés curatives et aux noms multiples.
Cette mauvaise interprétation est due à de nombreux facteurs, tels que des différences de langues, des erreurs de traduction, et des ouvrages parcellaires laissant une trop grande place aux interprétations maladroites.
Les alchimistes se lancent alors dans la quête d’une pierre unique et miraculeuse sensée soigner la maladie et, plus tard, transformer le plomb en or. Ils associent cette pierre aux anciens philosophes qui la décrivent et la nomment « pierre philosophale ».
Ces savant ont cherché, sans succès, à créer artificiellement cette pierre philosophale. Ils ne réalisent pas que la pierre décrite dans leurs ouvrages n’est pas unique. Il s’agit en fait des très nombreuses pierres utilisées en lithothérapie.
Nos alchimistes broient ces pierres, les mélangent avec de l’eau ou du vin et les font boire à leurs patients.
Néanmoins, le moyen âge verra aussi quelques recueils sur les différentes pierres précieuses, et certains d’entre eux traitent de leur utilisation en médecine, selon le savoir populaire.
Il est intéressant de rappeler que du Moyen-âge au 17ème siècle, les médecins étaient aussi chimistes, c’est-à-dire alchimistes, mais aussi astrologues... Les livres de l’époque nous rapportent quelques recettes de remèdes « miracles », notamment une poudre utilisée jusqu’au 17ème siècle, mêlant le rubis, la topaze, l’émeraude, l’or et l’argent. Déjà, à cette époque, les « alchimistes » prenaient en compte l’importance de la couleur de la pierre ; ce qui sera un élément de base de la lithothérapie moderne.
Les alchimistes en question utilisaient ce qu’ils appelaient « la théorie des signatures » selon laquelle la forme et la couleur de la plante ou du minéral, renseignent sur sa fonction :
- les pierres jaunes étaient utilisées pour le foie et la vésicule biliaire,
- les pierres rouges servaient à guérir les problèmes liés au sang,
- les pierres aux couleurs chaudes pour les refroidissements,
- Les pierres aux couleurs froides pour les inflammations…
Cette approche est encore pratiquée aujourd’hui. Inutile de vous dire qu’elle ne plait ni aux scientifiques, ni aux médecins. Néanmoins, ce savoir traditionnel fait d’empirisme, d’essais et de pratiques existe encore.
Il s’est enrichi au fil des siècles de la compréhension scientifique du minéral quant à sa formation, sa composition, sa dureté… Aujourd’hui, la symbolique s’associe à la science pour permettre une approche rationnelle de la lithothérapie.
Les chamans considèrent que la plupart des maladies sont issues d’un dysfonctionnement « énergétique » qui crée une rupture dans le fonctionnement du corps. Ils travaillent donc sur « l’énergie », les vibrations du corps. Ils se servent du souffle mais aussi des pierres. La lithothérapie prend en compte cette dimension énergétique.
Le moyen-âge est souvent décrit comme une période obscure.
Pourtant, c’est à cette époque que la médecine d’aujourd’hui se dessine.
C’est aussi à cette époque que vivait Hildegarde de Bingen, religieuse mystique allemande (1098 – 1179).
Elle souhaitait mettre à la disposition de tout un chacun des techniques de soins naturelles. Elle a travaillé sur l’hygiène, la musique, les plantes et enfin, les cristaux. Elle est considérée comme la première phytothérapeute ou naturopathe moderne. Parmi les multiples remèdes qu’elle a mis en place, les soins par les pierres ont été fondamentaux.
Très en avance pour son époque, Hildegarde de Bingen ne pensait pas, comme les ecclésiastiques de son siècle, que les pierres précieuses étaient des objets de luxure et de péché. Elle pensait qu’ils étaient des éléments fondamentaux de la création de l’univers, liées à la vie même de l’individu et à sa mission sur terre.
Son enseignement constitue une base incontournable de la lithothérapie. Il mêle la science et la spiritualité.
Hildegarde de Bingen est une religieuse bénédictine, mais aussi une femme de lettres, de sciences, canonisée par l’Église catholique au XIIe siècle. En 2012, le pape Benoît XVI la proclame docteur de l’Église. C’est la quatrième femme à obtenir cette distinction, la plus haute de l’Église.
Elle a beaucoup écrit sur ses visions mais aussi des traités de médecine et de botanique. Elle a combiné ses dons de voyance et de guérisseuse pour chercher et trouver les meilleurs soins possibles pour son époque.
Hildegarde n’a pas décrit les aliments en fonction de leur teneur en calories et en vitamines. Elle les a décrit en fonction de leurs vertus curatives de sorte que l’on ne fera pas de différence entre un aliment et un remède car elle pense qu’il est possible de prévenir les maladies grâce à son alimentation.
Elle distingue ainsi trois plantes aux vertus exceptionnelles :
- L’épeautre non hybridé offre une nourriture riche en protéines, minéraux, oligoéléments et vitamines. Pour Hildegarde, c’est la meilleure céréale, « comme un baume de l’intérieur ».
- Le fenouil est un véritable remède : « De quelque manière qu’on le mange, le fenouil rend joyeux, assure un teint frais ainsi qu’une agréable odeur corporelle, et assure de surcroît une bonne digestion. ».
- La châtaigne est « utile dans toutes les maladies qui attaquent l’homme ». Elle protège le foie et les nerfs.
Sa médecine est une médecine holistique qui prend en compte la santé du corps, de l’âme et de l’esprit : « Quand le corps et l’âme fonctionnent en parfaite harmonie, ils reçoivent la récompense suprême de la joie et de la santé » (H. de Bingen).
La médecine d’Hildegarde est d’une grande douceur, pleine de finesse, de bon sens (elle conseille toujours la voie du milieu) et de vitalité.
Nous avons la chance de disposer de tous ses écrits qui évoquent ses visions mystiques, mais aussi toutes ses pratiques médicales dans « secrets et remèdes », « causes et remèdes », « les pierres qui guérissent », « sa médecine au quotidien (automédication) » et tant d’autres encore.
La part consacrée aux minéraux dans ses livres et dans ses soins est très importante, sans doute autant, voire plus importante que celle des plantes.
La religieuse explique toutes les vertus de protection, de guérison et de purification des pierres en se basant sur l’enseignement de la médecine antique, des alchimistes, de sa compréhension mystique de la nature et de l’homme.
En reprenant la théorie des quatre humeurs d’Hippocrate, elle va distinguer les quatre tendances physiques et spirituelles de chaque profil d’individu et les relier aux éléments.
On retrouvera donc les tempéraments :
- Bilieux : lié à l’élément du feu, à la chaleur et à la sécheresse, associé à la colère, la mauvaise humeur.
- Atrabiliaire : lié à l’élément de la terre, au froid et à la sécheresse, associé à la « bile noire », la tristesse, le chagrin, l’irritabilité.
- Flegmatique : lié à l’élément de l’eau, le froid et l’humidité, associé au calme, au sang-froid, mais aussi aux personnes apathiques.
- Sanguin : lié à l’élément de l’air, à la chaleur et l’humidité, aux personnes souvent gaies, mais dont la prédominance du sang peut causer des problèmes physiques (de circulation par exemple).
Ces tempéraments sont à mettre en correspondance avec les signes astrologiques. Ceux-ci sont très utiles à connaître au moment d’identifier les causes d’un déséquilibre.
Hildegarde de Bingen associe un mal physique, celui de la dépression par exemple (la mélancolie) avec le péché originel présent dans la Bible.
On retrouve aussi l’image du corps humain en tant que maison de l’âme : le coeur en est la porte d’entrée, le cerveau la cheminée, et les yeux l’âme.
Elle sera la première à conseiller un rituel pour soigner les dents en faisant des bains d’eau, assez proche finalement de ce que nous pratiquons aujourd’hui. C’est une pionnière sur beaucoup de sujets d’hygiène et de soins médicaux.
Hildegarde de Bingen, dans son livre sur « Les pierres qui guérissent » donne un grand nombre de conseils sur les minéraux.
C’est dans ce livre qu’elle met en relation la couleur et les maux avec les effets sur l’homme. La somme de connaissance qu’elle a compilé, associé est purement hallucinante.
L’ordre divin ne quitte pas ses réflexions, guide ses actions et émaille ses livres qui semblent si contemporains. Ses écrits intéressent à nouveau et sont redécouverts.
Je vous propose un passage d’un livre d’Hildegarde de Bingen qui décrit l’émeraude et son potentiel de
soins :
« L’émeraude pousse tôt le matin, au lever du soleil, lorsque ce dernier devient puissant et amorce sa trajectoire dans le ciel. À cette heure, l’herbe est particulièrement verte et fraîche sur la terre, car l’air est encore frais et le soleil déjà chaud…
C’est pourquoi l’émeraude est un remède efficace contre toutes les infirmités et maladies humaines, car elle est née du soleil et sa matière jaillit de la fraîcheur de l’air.
Celui qui a des douleurs au coeur, dans l’estomac ou aux flancs doit porter une émeraude pour réchauffer son corps, et il s’en portera mieux. Mais si ses souffrances empirent tellement qu’il ne puisse plus s’en défendre, alors il faut qu’il prenne immédiatement l’émeraude dans la bouche, pour l’humidifier avec sa salive. La salive réchauffée par cette pierre doit être alternativement avalée et recrachée, et ce faisant, la personne doit contracter et dilater son corps. Les accès soudains de la maladie vont certainement faiblir… »
Elle se sert d’un langage très concret pour parler de guérison.
L’émeraude est formée grâce à une transformation interne de la roche : d’un côté le béryllium et l’aluminium qui sont des roches claires (le « jour ») et de l’autre, le chrome qui est foncé (« la nuit »).
Pour que ce phénomène se produise, il lui faut de la chaleur, décrite par Hildegarde de Bingen comme « la chaleur du jour ».
- On retrouvera dans sa description symbolique les données capitales de l’émeraude : son origine métamorphique,
- son cristal de structure hexagonale,
- ses composants minéraux opposés (clair et foncé) : le béryllium et le chrome ; Ses anneaux de silicate,
- Sa couleur verte.
Quand Hildegarde de Bingen conseille d’utiliser la pierre pour tous les maux, c’est parce que son origine la fait correspondre à tous les moments de métamorphose de l’être humain (qui sont souvent accompagnés par une maladie ou un déséquilibre).
La description du soleil matinal qui s’élève rapidement dans le ciel, symbolise l’action rapide, ordonnée et énergétique, quotidienne et répétée de l’émeraude.
C’est aussi celle d’une élévation rapide suivant une organisation stricte (la cristallisation hexagonale).
Hildegarde de Bingen recommande cette pierre pour les crises d’épilepsie. Elle la conseille en traitement, pour apporter l’organisation qui fait défaut à une personne souffrant de crises avec une perte totale de contrôle.
Le béryllium met en avant la discipline et la rigueur, et le chrome aide à l’autodétermination, à soigner les maux de tête et les faiblesses du système immunitaire. On sait également que l’émeraude est très efficace contre les rhumes et les sinusites.
Pièces jointes1
DEVOIR: 4 légumes pour soigner POINTS : 10 DUREE : 2 mois
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